Comment accompagner nos enfants dans la construction d’une confiance en soi durable ? Dans ce 13e épisode du podcast Jambon Coquillettes la pédopsychiatre Gisèle George, partage avec nous ses réflexions et ses conseils, et nous parle en toute simplicité de son expérience de maman.
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Anne-Laure Troublé : Bonjour Gisèle, merci beaucoup d'avoir accepté de nous rencontrer.
Gisèle George : Bonjour à vous. Et merci de m'avoir invitée.
A.-L. T. : Alors on va commencer par une question très simple : qu'est-ce que la confiance en soi ?
G. G. : La confiance en soi, c'est un sentiment. C'est ça qui est important de retenir : c'est que c'est un sentiment, que je peux réaliser une chose que l'on me demande. Cette confiance en soi, elle n'est pas totalement aveugle : « Je sais que je peux ne pas y arriver, mais j'ai le sentiment que je peux le faire. » Vous voyez la différence entre le savoir – que ça ne va pas être facile, que ça ne va pas être sûr à 100 % – et puis le sentiment que même s’il y a des écueils, des difficultés, j'ai le sentiment que je pourrai surmonter, que je pourrai faire face à ce qui m'est demandé.
A.-L. T. : Et comme s’acquiert-elle, cette confiance en soi ?
G.G. : Elle s'acquiert dès la naissance, par le regard que les parents vont lancer sur leur enfant, à la fois ce regard émotionnel qui est « je t'aime de façon totale et pour le personnage que tu es », et la confiance que ces parents vont envoyer aussi par ce regard : « Je te fais confiance, je sais que tu pourras arriver à prendre ta place dans la vie. »
A.-L. T. : À quoi sert la confiance en soi ? Et à l'inverse, quelles sont les conséquences d'un manque de confiance en soi ?
G. G. : Pour moi, la confiance en soi, c'est les racines de l'homme. C'est-à-dire que si j'ai la perception, le sentiment que je peux faire face, je prends appui sur ces racines et sur ce sentiment pour tenter des expériences nouvelles. Si, par contre, j'ai le sentiment que je ne peux pas me faire confiance, je ne fais pas de nouvelles expériences ; je n'explore pas mon monde, mon environnement et mes relations sociales. Donc pour moi, la confiance en soi, c'est fondamental. C'est les racines par lesquelles l'enfant s'ancre dans sa vie, dans son environnement et dans ses relations sociales.
A.-L. T. : Et quelle est la différence entre confiance en soi et estime de soi ?
G. G. : L'estimation, c'est un peu comme une note qu'on s'attribue ou que les autres vous attribuent sur ce que vous venez de faire. Mais pour pouvoir le faire, il faut d'abord avoir confiance dans le fait que je peux le faire.
A.-L. T. : Vous parliez dans votre livre de cette adolescente, je crois, qui était très bonne à l'école et qui avait des très bonnes notes, qui savait s’estimer, qui savait quelles étaient ses qualités et ses défauts, mais qui n'avait pas confiance en elle.
G. G. : Elle, elle se disait que quoi qu'elle fasse, de toute façon, elle n'y arriverait pas. De façon à ce que les gens ne voient pas qu'elle manque de confiance en elle, que les gens ne voient pas qu'elle est « nulle », selon ses propres termes, elle va prendre une technique de contrôle, qui est « je vais travailler plus, je vais travailler dans les détails, je vais tout faire parfaitement, et si je fais tout parfaitement, alors les gens ne verront pas que, en fait, je suis nulle ». Donc cette jeune fille avait une très bonne estime d'elle-même, c'est-à-dire qu'elle estimait que sa façon de travailler, sa façon d'être était bonne. Mais elle avait une très mauvaise confiance en soi, puisqu'en fait, elle travaillait selon l'idée qu'elle se faisait d'elle-même, selon le sentiment qu'elle était « nulle ».
A.-L. T. : Du coup, on peut très bien réussir plus ou moins : on peut avoir un enfant qui réussit, qui semble aller bien, et qui, au fond de lui, doute vraiment de lui.
G. G. : Complètement. C'est un petit peu l'apanage de tous ces enfants que l'on voit actuellement en thérapie. Comme ils n'ont pas de confiance en eux, la note n'est jamais suffisante. Ils doivent toujours travailler plus. Ils doivent toujours contrôler plus. Il doivent toujours être « plus parfaits ». Ils finissent stressés, en burn out, déprimés et arrêtent l'école.
A.-L. T. : Pour revenir au début de notre interview, vous disiez que la confiance en soi se construit par le regard que porte l'adulte sur l'enfant : un regard de confiance. Il est quand même vrai que tous les enfants n'ont pas des capacités dans tout, et qu'on peut légitimement douter de certaines de leurs compétences. Ils ne peuvent pas être bons dans toutes les matières, dans tous les sports, etc. Comment ne pas leur montrer que l'on doute, sur certains points ?
G. G. : Ce qui est très important, c'est qu'on peut douter des compétences d'un enfant. Mais on ne doit jamais douter de l'enfant. Un enfant est une personne, qui a une personnalité, qui a un tempérament, et le rôle du parent, et le rôle de la confiance en soi et du parent, c'est de dire « je vais percevoir tes compétences, et j'ai confiance dans le fait que toi et moi, on va arriver à les développer. Et je peux percevoir aussi que, les mathsce n’est pas trop ton truc. Je peux peut-être, à ce moment-là, si tu es plus intéressé par le français, développer tes compétences en français. » Je rappelle que la confiance en soi, ce n'est pas une confiance aveugle. Ce n'est pas de penser que l'enfant peut tout réussir en toutes circonstances.
A.-L. T. : Mais c'est aussi savoir accepter l'échec ? Et pas seulement toujours vouloir un résultat positif ?
G. G. : C'est accepter l'échec, et surtout, en faire quelque chose de constructif. Moi, je travaille beaucoup avec les parents, par exemple pour les devoirs ou pour les notes, sur le « cahier de la réussite ». C'est-à-dire que je demande aux parents de travailler, non pas sur les stratégies d'échec, mais sur les stratégies de réussite. « Qu'est-ce qui fait que t'as eu 12 en poésie ? » « Je l'ai bien apprise. J'ai bien écouté. J'aimais bien. Elle était pas trop longue. » L'enfant perçoit toutes les stratégies qu’il a mises en place pour apprendre sa poésie. Et donc, il renforce son sentiment de confiance dans les compétences. Maintenant, on peut lui poser la question : « Comment, à ton avis, on pourrait avoir 13 ? On va réfléchir ensemble sur une autre stratégie. Tiens, par exemple, si la poésie est un peu plus longue, comment on pourrait faire pour que tu arrives à l'apprendre ? Si, dans la poésie, il y a des mots compliqués, qu'est-ce qu'on pourrait faire pour arriver à mieux les retenir ? » C'est-à-dire de chercher, à partir de ce que sait déjà faire l'enfant, de l'amener à découvrir d'autres possibilités qu’il pourrait mettre en place.
A.-L. T. : J'avais une autre question. Également dans votre livre, vous soulignez l'importance, donc, de valoriser l'enfant, mais également de le critiquer. Comment la critique peut-elle améliorer la confiance en soi ?
G. G. : J'insiste beaucoup sur le fait de valoriser ce que fait, ce que dit, ou la situation qu’il y a à valoriser. Je ne veux ni valorisation de l’enfant, ni critique de l'enfant. Ce n'est pas parce qu'il n'a pas voulu prêter son jouet à son petit frère qu'il est méchant. Ce n'est pas parce qu'il a réussi un devoir de maths qu'il est un génie en mathématiques. L'important, c'est de ne jamais dire des choses comme « tu es méchant », « tu es gentil », « tu es génial », « tu es extraordinaire ». Non : « Ce que tu viens de faire est gentil, est méchant. Sur ce coup-là, tu as vraiment bien réussi les choses. Je trouve ça extraordinaire la façon dont tu as réussi. » Mais jamais toucher l'enfant.
A.-L. T. : J'ai l'impression que les enfants à qui l'on dit sans arrêt qu'ils sont extraordinaires peuvent parfois avoir trop confiance en eux, se surévaluer, se penser mieux que les autres, être hautains.
G. G. : Je suis vraiment 100 % et j'aime beaucoup cette question. Vous vous souvenez quand j'ai dit « il faut valoriser et critiquer », j'ai bien précisé qu'il ne fallait jamais dire à un enfant « tu es extraordinaire, tu es le plus beau » mais « ce que tu viens de faire est extraordinaire, j'adore ce que tu viens de faire ». Ce n'est pas du tout la même chose. C'est-à-dire que si on fait croire… Et on voit ça, ça fait partie des facteurs de risque de l'anorexie mentale, ça a bien été étudié. Ces petites jeunes filles, à qui on a dit tout le temps qu'elles étaient parfaites, qu'elles étaient parfaitement belles, qu'elles étaient parfaitement scolairement, elles sont dans l'illusion d'être totalement parfaites. Et le jour où cette perfection n'est plus possible, elles s'effondrent d'un coup. Et souvent, pour essayer de contrôler, elles débutent un contrôle alimentaire, en se disant que si elles contrôlent parfaitement leur régime, elles redeviendront cette jeune fille parfaite.
A.-L. T. : Un sujet d'actualité, c'est le harcèlement à l'école. Comment aider un enfant sujet de moquerie ?
G. G. : Ce qui est intéressant, c'est que tous les enfants sont moqués. On l'a tous connu et on le connaîtra toujours. La technique du moqueur, c'est de lancer des moqueries et de voir si elles touchent, ou pas. Quand elles touchent, en fait, le moqueur atteint directement le manque de confiance en soi de l'enfant. J'ai parfois des parents qui me disent : « Oui, il est un peu moqué parce qu'il est petit. » Donc cela veut dire que, un, l'enfant vit mal sa taille, mais que le parent aussi vit mal sa taille. Parce que le moqueur, lui, ça ne l'intéresse pas de savoir s'il est petit, grand, bleu, vert. Ce qui l'intéresse, c'est que quand je dis quelque chose, ça va le toucher. Et dans mon jeu de « je me moque de lui et comme ça, ça va l'embêter », eh bien j'ai gagné. Et que ce qu'il faut apprendre à l'enfant, c'est à ne pas être sensible aux moqueries ; et que s'il est sensible, ça me paraît être un point très important que le parent doit discuter avec l'enfant : « Qu'est-ce qui fait que ta petite taille te gêne ? » Et l'enfant a un imaginaire sans fin. Depuis la naissance, c'est de croire que ses parents seront toujours là pour le protéger, quoi qu'il lui arrive. Donc au moment où il est harcelé, l'enfant se sent un tout petit peu, ou même beaucoup, impuissant à faire face. Et, quelque part, se dit : « Mais où sont mes parents ? C'est à eux de me protéger. » Et donc, tout d'un coup, il va perdre confiance dans la protection promise, selon lui, par le parent. Et donc, dans le harcèlement, par exemple, ou quand il arrive des événements négatifs à l'enfant, il faut que le patron lui dise : « Je suis là pour te protéger, mais il y a des situations où je ne pourrai pas être présent. Mais par contre, il est très important que tu me raconte ces situations, que l'on discute des outils pour que tu puisses t'en protéger. Et surtout, je vais, à l'exemple du harcèlement, voir ta directrice, voir ce qu’il se passe dans ton école. Et je vais ramener la protection à l'école. » Et même si l'enfant vous supplie de ne pas le faire, en vous disant qu'il va être traité de balance, moi, je vous supplie de le faire parce qu'en fait, dans mon bureau, si vous ne le faites pas, l'enfant perçoit qu'il n’est plus protégé, que les adultes ne sont pas protecteurs. Et donc il va perdre confiance, puisque lui a été harcelé, dans ses compétences à faire face aux autres.
A.-L. T. : L'adolescence est une période qui, très souvent, fragilise la confiance en soi. Comment accompagner nos teenagers ?
G. G. : La confiance en soi, comme vous l'avez vu, c'est un sentiment que je peux faire les choses, et ce sentiment va subir un tsunami. Un tsunami qui s'appelle la puberté. C'est-à-dire que je ne suis plus la même personne physiquement, mais aussi socialement, puisque j'envoie un regard, un message plus sexué. Au niveau scolaire, les enjeux sont plus difficiles, et maintenant, je commence à comprendre que je ne travaille pas pour faire plaisir à mes parents, mais que je travaille pour mon avenir. Et, environnementalement, mon avenir est inquiétant. Et, socialement, ma place avec les autres est en train de complètement changer. C'est-à-dire qu'avant, j'avais un cocon protecteur, qui était la famille. Là, il va falloir que je trouve une nouvelle famille au sein de mes congénères, de mes pairs. Donc il y a ce tsunami émotionnel, cognitif, comportemental qui se met en place, et il va falloir que je me pose à chaque fois la question : « Suis-je capable de trouver cette place ? »
A.-L. T. : Une autre question : souvent, on lit des témoignages de célébrités – d’artistes, d'hommes politiques ou d'entrepreneurs –, qui racontent parfois des enfances malheureuses ; et que, malgré cela, ils ont réussi à se dépasser, à affronter des difficultés et que, même, on imagine presque que ces enfances-là ont forgé leur caractère.
G. G. : Les enfants qui racontent cette histoire, c'est ceux qui vont bien, et c’est ceux qui ont eu confiance en eux. C'est-à-dire que la confiance en soi, c'est vraiment l'antidote à tous les aléas de la vie. Tant que je pense que je suis capable d'affronter les choses, de trouver en moi ou dans mon entourage les ressources nécessaires pour pouvoir affronter les choses, je peux surmonter tout. C'est pour ça que je vous disais que la confiance en soi, c'est les racines de l'humain.
A.-L. T. : Mais donc, quand on a eu des parents manquants, comment on peut expliquer qu'une personne a réussi à avoir confiance en elle ?
G. G. : C'est-à-dire qu'à un moment donné, le lien d'attachement et le lien de confiance s'est fait. Les parents sont, bien sûr, les principaux vecteurs de cette confiance en soi. Mais dans l'entourage, il y a le regard des grands-parents, il y a le regard de la maîtresse d'école, il y a le regard des éducateurs… Il y a le regard d'une personne qui dit : « Je te fais confiance, tu peux le faire. » Et donc l'enfant, le bébé, va pouvoir puiser dans ce regard de confiance cette confiance en lui, et va pouvoir rebondir face aux aléas de la vie.
A.-L. T. : Ça veut dire que cette résilience, dont on parle beaucoup, elle repose toujours, à un moment donné dans la vie d'une personne, sur une autre personne qu'elle a rencontrée, qui a eu confiance en elle.
G. G. : Exactement. Et quand vous entendez les gens vous parler de leur résilience, ils vont vous dire « j'ai rencontré un prof de musique », « j'ai rencontré la danse », « je me suis intéressé aux livres »… Ils ont trouvé une personne qui les a aiguillés vers un espace où ils ont pu reprendre confiance. Et cet espace s'est élargi, et donc cette résilience a pu, je dirais, s'épanouir.
A.-L. T. : C'est vraiment la conclusion de dire que tout passe par le regard que l'autre nous renvoie.
G. G. : Exactement. Je vais vous donner un exemple que j'aime beaucoup, que les enfants me disent, souvent. Quand je leur demande « C'est quoi, pour toi, un bon professeur ? », ils me répondent toujours, et ça, depuis la nuit des temps : « C'est un professeur qui est sévère, mais juste. » Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que c'est un professeur qui s'intéresse à moi ; et qui est capable de me dire ce que je fais de pas bien; et qui est capable de me dire ce que je fais de bien sans jamais me dire : « Ah, mais en fait, t'es intelligent ! Tu pourrais le faire. » Ou sans me dire « je comprends pas, j'attendais mieux de toi ». Et il me montre le chemin, et il me montre des techniques pour y arriver. Il n'attaque pas l'élève que je suis.
A.-L. T. : Vous avez élevé une fille, je crois. Est-ce que vous avez été une mère parfaite ?
G. G. : C'est impossible d'être une parfaite. Et je voulais vous raconter cette anecdote. Je pense être une très bonne psy – Dieu merci, pas une psy parfaite ! –, et j'avais travaillé un petit peu ce qu'on appelle « l'anxiété de séparation à l'entrée de maternelle ». Vous voyez, quand l'enfant a un petit peu peur de quitter Maman, et va pour son premier jour d'école. Donc j'avais bien lu tous les livres qu'il fallait que je lise en tant que psy ; et en tant que maman, je me suis dit « tiens, je vais les utiliser et je vais préparer le terrain ». Donc j'ai expliqué à ma fille, qui était une enfant unique, qu'elle allait aller à l'école, qu'elle allait enfin pouvoir avoir des tas de petits copains, qu'elle allait faire plein d'activités, que ça allait être super. Et j'avais même prévu que certains enfants, eux, n'aimerait pas ça le premier jour et qu'ils allaient pleurer, et qu'elle ne s'inquiète pas : c'est juste que ces enfants-là auront un petit peu peur, mais que, elle, je lui faisais confiance et qu'elle n'aurait pas peur. Je vais vous dire, ça a tellement bien marché que ma fille m'a dit « au revoir, tchao », et est rentrée tout de suite dans la classe. C'est moi qui me suis retrouvée sur le trottoir en train de pleurer. Ça y est, mon petit bébé est en train de prendre son envol. Et surtout, le soir, quand je suis allée la chercher, elle s'était tellement amusée que lorsqu'elle m'a vue, elle a immédiatement compris qu'on allait rentrer à la maison et que la fête allait se finir. Et donc, elle s'est mise à hurler en disant « je ne veux pas rentrer ». Donc vous imaginez la situation dans laquelle j'étais, avec toutes les autres mamans, et tous les autres enfants qui se précipitaient pour dire bonjour à leur maman, et moi, j'avais une enfant qui était en train de me dire que non, elle ne voulait pas rentrer. Donc j'étais un peu… « Vous faites quoi, dans la vie ? » « Pédopsychiatre, je suis désolée. Non, je vous assure, je ne bats pas ma fille. C'est juste qu'elle s'amuse plus à l'école qu'à la maison. » Ce que je veux vous dire dans cet exemple-là, c'est qu'à aucun moment je n'ai pris ses cris à mon encontre. J'ai toujours gardé confiance sur le fait que ma fille m’aime, ce qui m'a permis de comprendre que le problème, ce n'était pas moi ; que j'ai toujours confiance dans la relation que j'ai avec ma fille mais que, le problème, c'était la situation.
A.-L. T. : Et, pour en revenir à votre fille, est-ce qu'elle a eu des moments où elle a perdu confiance en elle ? Est-ce que vous vous souvenez de ces moments ? Des moments difficiles pour vous aussi ?
G. G. : Ma fille, la fragilité qu'elle a pu avoir, où elle était plus en difficulté, c'est dans ses relations sociales amicales. J'ai une jeune fille qui a un cœur énorme, qui est toujours dans la bienveillance et toujours dans l'aide à l'autre, et qui, parfois, s'est retrouvée avec des camarades qui la vampirisaient un peu sur le plan émotionnel, de son intelligence intuitive, et qui lui demandaient beaucoup de conseils, qui lui demandaient d'être très présente ; et puis, quand ils n'avaient plus vraiment besoin d'elle, la rejetaient ou passaient à autre chose. Donc, ces moments-là, je l'ai vue un petit peu souffrir et j'ai eu beaucoup plus de mal à l'aider parce que moi qui suis une spécialiste de la relation sociale entre ados, je me suis sentie aussi titillée dans mes compétences. Voilà : « J'arrive à le faire avec mes patients, et je n'arrive pas à le faire avec ma fille. » Et donc j'ai perçu, un petit peu, mon inquiétude, et j'ai confié ma fille à un professionnel, pour être aidée dans ce domaine.
A.-L. T. : Ça veut dire que quand on aborde, justement, ce sujet de confiance en soi, et qu’on a un enfant qui est vraiment en détresse, il est important de se faire aider.
G. G. : Et c'est toute notre fonction. C'est de pouvoir être, j'ai envie de dire, le bras droit émotionnel des parents, à un moment où ils s'aperçoivent qu'il y a un truc qui ne fonctionne pas, d'arriver et d'avoir l'écoute d'un professionnel qui leur fait confiance – et ça, aussi, c'est important : il ne faut pas qu'un parent se sente jugé par un professionnel –, qu'ils expriment ce qu'ils perçoivent de quelque chose de la confiance entre eux et leur enfant qui ne fonctionne plus très bien, et que le professionnel puisse retravailler ce lien de confiance entre les parents et l'enfant.
A.-L. T. : Merci Gisèle, il est bientôt l'heure de nous séparer… et voici ma dernière question traditionnelle : quelle est votre recette S.O.S. quand vous n'avez pas le temps de cuisiner ? J'imagine que maintenant, c'est pour vos petits-enfants : je crois que vous êtes grand-mère… Donc quelle est votre recette miracle ?
G. G. : Pour mes petits-enfants, ça va, c'est le biberon. Mais pour ma fille, il y a un truc que je cuisine en moins de 10 minutes, qui s'appelle le « saumon en papillote ». Donc un petit peu de poireau, coupé, grillé, de la crème fraîche, on met sur le filet de papillote, et 10 minutes au four.
A.-L. T. : Merci beaucoup, Gisèle. C'était vraiment intéressant. Je vous souhaite tout le meilleur. Et je sais que vous êtes encore en cabinet, à Paris, c’est ça ?
G. G. :
Oui, tout à fait. Je consulte à Paris, dans mon cabinet. Et je fais aussi des groupes d'affirmation, d'estime et de confiance en soi : primaire, collège et lycée.
A.-L. T. : D’accord. Donc vraiment une spécialiste sur la confiance en soi. Merci beaucoup, Gisèle. Et à une prochaine fois, peut-être.
G. G. : Merci beaucoup.
Jambon Coquillettes, un podcast du magazine Bubble… La vie de famille, en vrai !