Comment s'inspirer de la pédagogie Montessori dans la vie de tous les jours ?
Dans ce 1er épisode du podcast Jambon Coquillettes, Emmanuelle Opezzo témoigne de son quotidien avec ses deux enfants. Formée à la pédagogie Montessori après 10 ans dans la finance, elle a fondé et dirigé pendant 6 ans l’espace Koko Cabane à Paris pour porter la philosophie Montessori auprès des familles.
A son actif également, deux ouvrages :
- « Appliquer la pensée Montessori chez soi » et
- « Vous êtes un Soft Parent », paru récemment aux éditions Marabout, ainsi que la collection Mes jeux d'inspiration Montessori.
Aujourd’hui, installée dans la région de Bordeaux avec son mari et ses deux garçons de 9 et 3 ans, Victor et Félix, Emmanuelle est désormais directrice créative en pédagogie et auteure du podcast « Influences » qui traite du pouvoir qu’ont les parents de changer le monde.
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LIENS
Son site
Son podcast « influences »
Son livre Appliquer la pensée Montessori chez soi
Son livre Vous êtes un Soft Parent
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Anne-Laure Troublé : Bonjour Emmanuelle. Tout d'abord, mille mercis d'avoir accepté de jouer au cobaye pour ce premier épisode de Jambon Coquillettes. Et pour commencer, peux-tu nous retracer en quelques mots ton parcours ?
Emmanuelle Opezzo : Bonjour Anne-Laure. Merci pour ton invitation. Alors, en quelques mots, mon parcours. Enfant, j'étais passionnée de littérature, d'art et de philosophie. Et puis, finalement, j'ai fait des études en finances. Du coup, à la naissance de mon premier enfant, j'ai découvert les ouvrages de Maria Montessori et j'ai trouvé que c'était une occasion idéale pour quitter la finance en me formant à cette pédagogie. Et je voulais vraiment être sûre de ne pas vouloir revenir en finance donc avant de commencer vraiment quelque chose d’engageant, j'ai commencé par créer une méthode de peinture libre pour les enfants, qui reprenait les mêmes principes que ceux de la méthodologie Montessori, et que j'ai testée dans des petits ateliers. Je louais un lieu les mercredis, et ça m'a plu de travailler avec les enfants. Et c'est suite à ça que j'ai pris la décision d'ouvrir le lieu Koko Cabane et d'accueillir les familles. Ça, c'était en 2013. J’ai eu ce lieu pendant six ans, et l'année dernière, j'ai déménagé dans le sud-ouest de la France avec ma famille. Du coup, depuis, je me consacre au consulting et à l'écriture.
A.-L.T. : Pour entrer dans le vif du sujet, voici une question un peu piège : Emmanuelle, es-tu une mère parfaite ?
E. O. : Oui, c'est comme quand on a une prof de yoga, on se dit que sa vie est parfaite. Peut-être que les gens ont la même perception d'une personne dans la pédagogie Montessori ou dans l'éducation générale. J'ai envie de dire que ça dépend de quel point de vue on se place. Si c'est de mon point de vue, j'ai d'abord envie de dire non, parce qu'il y a plein de choses… Je fais des erreurs comme tout le monde dans le quotidien, et il y a plein de choses que j'aimerais faire différemment. Mais en même temps, j'apprends. Et puis j'accepte aussi mes erreurs et j'accepte aussi mes imperfections. Alors je me dis que c'est peut-être ça, la perfection. Et du point de vue de mes enfants, ça dépend à quel âge. Quand ils étaient tout petits, je pense que je représentais la perfection à leurs yeux. Et puis maintenant qu'ils grandissent, je pense que comme j'accède pas à tous leurs désirs, peut-être que je représente l'incarnation de l'imperfection parentale ! Je leur demanderai.
A.-L. T. : Ce qui est une bonne chose aussi, c’est qu’ils développent leur esprit critique, j'imagine. Dans ton dernier livre, Vous êtes un soft parent !, tu expliques que notre posture parentale est davantage le fruit de notre héritage éducatif. Quelle éducation as-tu reçue ?
E. O. : Moi, j'ai reçu une éducation super simple. C'était une éducation avec mes deux parents au départ, jusqu'à 12 ans, avant qu'ils divorcent. Mais c'était une enfance très simple, joyeuse, remplie d'amour. Je pense aussi que c'était une époque où les parents se posaient beaucoup moins de questions qu'aujourd'hui. Il n'y avait pas tous les conseils qu'on prodigue aujourd'hui et du coup, il y avait moins d'injonctions, je pense. Mais ma maman a toujours été sensible, en tout cas, aux besoins des enfants et à nos besoins, et a fait en sorte de les respecter. Donc je peux dire que j'ai reçu de toute façon une éducation très bienveillante et c'est vrai que c'était l'époque, quand même, où le féminisme commençait. Ce n'était pas du tout la mode de l'allaitement mais ma mère a allaité, a pris du temps quand même sur sa carrière pour s'occuper de nous. J'ai été choyée et câlinée dans un cadre simple et établi, en fait. J'avais des repères. Et je pense que c'est aussi pour ça que l'éducation respectueuse a été pour moi très naturelle, dès que je suis devenue maman.
A.-L. T. : Tu expliques également dans ton livre que l'arrivée d'un enfant aujourd'hui suscite souvent plus de questions quant au choix de la poussette, des vêtements, de la déco de la chambre, que vraiment de questionnements sur l'éducation que l'on souhaite transmettre. Comment cela s'est passé pour toi, à l'arrivée de Victor ?
E. O. : À l'arrivée de Victor, tout de suite, en fait, je n'ai pas du tout – enfin, très peu – pensé à la logistique. Alors, si, j'ai aimé préparer sa chambre parce que ça faisait partie de la préparation, en fait, de la naissance, pour accueillir mon enfant. Mais je n'étais pas du tout obsédée par une logistique. Et même, je dois dire que si on considère que la logistique nous définit comme bon ou mauvais parent, dans ces cas-là, je suis plutôt un mauvais parent. Mais c'est vrai que moi, j'étais plutôt intéressée par le sens qu'on donne à l'éducation. Et c'est pour ça que très tôt, j'ai cherché des ouvrages sur la pédagogie – sur les pédagogies – que je connaissais pas avant d'avoir un enfant. Et quand j'ai découvert les ouvrages de Maria Montessori, j'en suis tombée amoureuse parce qu‘il y avait un sens profond, une philosophie, à la fois sur l'enfant, mais aussi, plus globalement, sur la société et sur l'homme, qui me parlait vraiment. Du coup, j'ai retrouvé le sens que je cherchais, en fait, naturellement, dès la naissance de mon enfant.
A.-L. T. : Dans ton livre, tu racontes une anecdote avec Félix, ton deuxième garçon, qui avait alors 3 ans. Et, alors que tu venais de terminer le ménage, il a renversé un bol de chips par terre. Et malgré ton exaspération, tu t'es focalisée sur son émotion à lui, la déception et la tristesse. Et plutôt que de crier, tu l'as consolé – tout en précisant que cela ne t’était pas toujours facile, de réagir de cette manière. As-tu des exemples à nous donner où tu as perdu patience ?
E. O. : Oui, j'en ai plein. Je vais pas dire que c'est quotidien, parce qu’heureusement, je perds pas mon calme tous les jours. Mais en fait, ça m'arrive régulièrement de me faire dépasser par mes émotions et de crier sur mes enfants. Plutôt quand je suis submergée par une situation de chaos ou parce que je suis fatiguée. La semaine dernière, par exemple, comme on est déconfinés mais les enfants n'ont toujours pas repris l'école, il y a les enfants qui traînaient en pyjama et qui devaient commencer à se préparer pour faire leurs devoirs. Et en fait, il y avait du bazar partout, ils n'étaient pas du tout prêts à travailler. Et moi, je m'escrimais en vain à remettre de l'ordre derrière eux. Et là, j'ai crié « Fa ! ». C'est un cri de ras-le-bol, mais aussi un cri de ralliement, je pense, à la fois. J'avais envie que tout le monde se reprenne en main. Donc oui, en fait, ça m'arrive. Ça m'arrive régulièrement, on va dire. Juste pour finir sur ce point, je dois dire qu'en fait, quand je perds mon calme, c'est souvent lié à moi-même plutôt qu'à eux. C'est-à-dire que…
A.-L. T. : C'est ton état émotionnel à toi, c’est ça, qui est en jeu ?
E. O. : Exactement. Parce que tu prenais l'exemple des chips. Là, c'était une maladresse de mon fils Félix. Et en fait, sa propre maladresse l'a suffisamment puni. J'ai vu qu'il n'était pas bien. Je n'avais pas envie de le punir une deuxième fois en criant sur lui. Et effectivement, quand je crie, c'est plutôt par rapport à mes émotions à moi plutôt que par rapport à celles de mes enfants. Alors, il y a des actions de mes enfants qui m'exaspèrent.
A.-L. T. : Justement, je voulais en venir là ! Est-ce-que, justement, il y a des choses qui sont non négociables et que tu n'acceptes pas, et où tu te mets en colère ?
E. O. : Oui ! Oui, moi, ce qui m'agace ou ce qui est non négociable, ça va être la violence. Enfin, de manière générale : la violence, le mensonge ou la mauvaise foi. Là où je vais me fâcher avec eux, c'est effectivement si les deux frères se chamaillent et que ça prend des proportions un peu trop grandes, ou que j'entends des mots qui peuvent être blessants entre eux, ou des gestes… Alors, ils ne se battent jamais. Mais s’il y en a un qui pousse l'autre, par exemple, là, oui, j'interviens et je me fâche. C'est arrivé il y a deux jours. Ils étaient dans la piscine en train de se baigner et le plus grand a poussé le plus jeune. Alors c'était pas un geste très violent. Mais il ne sait pas nager, le plus jeune. Du coup, tout de suite, moi, j'ai eu très peur. Et, non, ce n'est pas possible de pousser un enfant, un petit, dans l'eau parce qu'il pourrait avoir peur. C'est une peur qu’il peut conserver longtemps. Donc non. Là aussi, par exemple, c’était une action de mon aîné et je me suis fâchée. Je lui ai expliqué, mais j'ai commencé par me fâcher avant de lui expliquer.
A.-L. T. : Quand, justement, tu craques et que tu te mets à crier ou à t’énerver, comment rebondis tu pour ne pas en faire un échec ? Pour pas, en plus, après, avoir cette culpabilité d'être un « mauvais » parent ?
E. O. : Quand je me fâche contre mes enfants, je commence toujours par leur demander pardon. Je leur explique ce qui m'est arrivé et comment je me sens, moi. Et ensuite, je leur demande comment ils se sentent, eux. Et puis on se fait un gros câlin. Et après, j'essaye d'apprendre de mes erreurs. C'est pour ça que je ne vois pas les choses comme un échec, mais plutôt comme des apprentissages. J'apprends en même temps qu'eux, ils apprennent en même temps que moi, on apprend ensemble.Et j'essaye, en fait, de ne pas répéter ces erreurs-là.
A.-L. T. : Après, on peut se retrouver face à des situations qui se répètent. Je peux prendre comme exemple mon fils qui a 14 ans, qui ne range pas sa chambre. J'ai beau tous les jours lui dire de le faire, ça n'avance pas. Donc le lendemain, il ne la range pas, je « re-m'énerve », etc. C’est pas toujours évident, je trouve, d’avoir la créativité ou l’à-propos pour savoir comment réagir, parfois.
E. O. : Dans mon cas personnel, je te l'ai dit la semaine dernière, j'écris. Mais dans mon cas personnel, je base vraiment les choses sur un rapport de confiance et c'est important pour moi que ce rapport de confiance soit réciproque. C'est-à-dire que depuis la naissance de mon premier enfant, je lui ai toujours dit, quand je fais des demandes, qu'il puisse avoir confiance en moi, que c'est jamais pour l’embêter. Et du coup, je laisse l'espace à ma propre expression et à mes propres sentiments. Donc voilà. Après, nous, à la maison, on a repris quelque chose qu'ils font à l'école, c'est-à-dire qu'ils ont un « conseil de justice ». Bon, c’est un mot un peu pompeux,mais nous, on s'est dit qu'on pouvait avoir de temps en temps un conseil de famille. Et on a des petites feuilles. On peut déposer une plainte. Et là, ça fait un petit moment qu'on l'a pas fait, mais ça a assez bien fonctionné. Sur le coup de la colère, j'ai vu mon fils aîné plusieurs fois le faire, parce qu'il faut quand même pouvoir écrire. Mais on écrit ce qui ne nous plaît pas, on écrit ce qui s'est passé, on écrit comment on se ressent… Comment on se sent, pardon. Et ensuite, on prend un moment après, une fois que c'est retombé, pour en discuter, et on cherche une solution. Et le fait de chercher une solution ensemble, moi j'ai trouvé que c'était super, parce qu’on se pose, et la créativité vient avec le groupe, en fait.
A.-L. T. : Après, ce que je comprends aussi, c'est que les apprentissages peuvent prendre du temps. Apprendre à dire merci, s'il te plaît, à respecter l'autre, à débarrasser. J'ai l’impression qu'il faut accepter aussi que ça ne va pas se faire du jour au lendemain.
E. O. : Oui, ça dépend de l'âge de son enfant. C'est sûr que si à 2 ans, on demande à son enfant de dire systématiquement bonjour, même à des gens qu'il connaît pas, ça ne va pas fonctionner. Et puis l'exemplarité, c'est la chose qui fonctionne le mieux aussi. C'est d'accepter que son enfant n'est pas prêt et de le formuler : « T'es pas prêt. »
A.-L. T. : Dans ton livre, tu insistes sur l'importance de la constance dans l'éducation, source de sécurité pour l'enfant. T’arrives-t-il cependant de faire preuve d'inconstance, de revenir sur une décision ?
E. O. : Oui. Oui, parce que je ne suis pas toujours d'humeur constante. Donc, forcément, mon comportement va fluctuer en fonction de ma fatigue ou de mon stress. Mais pour ce qui est des valeurs et des principes d'éducation, j'arrive à être constante. Et vraiment, je fais en sorte d'être constante. C'est-à-dire que si je reviens sur des principes sur lesquels il n'y a pas de négociation, la violence et le manque de respect, non, là-dessus, je vais rester constante avec les mêmes règles. Après, ça ne m'empêche pas de faire des exceptions, mais ça, ça va être plutôt sur des demandes, tu vois, sur des choses de la notion du plaisir. Bien sûr, là, je ne suis pas toujours constante. Je dis pas « oui » chaque fois qu'ils me demandent une glace ou un bonbon. Et je ne dis pas « non » non plus à chaque fois qu'ils me demandent une glace ou un bonbon. Ça va dépendre du contexte. Par rapport à ça, aussi, je trouve que… J'aime bien les laisser libres, mes enfants, de demander, de négocier des choses. Et aussi, quand ils négocient, de savoir s'arrêter au bon moment. Je trouve que c'est un bon apprentissage. Donc, si j’empêche toujours de demander ou de négocier, en fait, je trouve que c'est des apprentissages en moins. Donc, je leur laisse cette marge de manœuvre, et pour le coup, tu me parlais, tu me demandais mon enfance. Je n'ai pas souffert de ça, mais ça m'a quand même marquée que, petite, on me disait toujours qu'il ne fallait pas demander. Du coup, je ne demandais jamais rien. Et en fait, je ne suis pas d'accord avec ce principe. Parce que je pense que si on ne demande pas les choses, dans la vie, les choses, soit elles ne viennent pas, soit elles restent bloquées, ou on se limite, même, on ne se donne pas certains droits.
A.-L. T. : Quelles sont, selon toi, tes qualités de parent ? Et tes défauts ?
E. O. : Je dirais que je suis empathique. C'est peut-être le point fort que j'ai, qui me permet en fait de rester connectée à ma propre enfance, et donc à mes émotions que j'avais quand j'étais enfant. Parce que ça, c'est un gros point que je partage dans le livre. Et du coup, je ressens assez facilement… Je suis très sensible aux émotions de mes enfants, ce qui me permet justement de pas crier trop parce que j'arrive à ressentir dans quel état émotionnel ils sont et ça me permet de bien les accompagner et de les écouter, autant qu'ils le veulent, en fait. J'ai eu un exemple, plusieurs exemples, avec mon plus jeune, Félix. Au début du confinement, c’est dans les exemples récents, il était hyper agité. Il criait beaucoup, beaucoup d'excitation et au début, on a réagi aussi, nous, par le cri. Ce qui est assez antinomique, en fait, parce qu'on dit de pas crier mais on crie. Il n'y a aucune logique dans tout ça. Et en fait, très vite, je me suis dit : « Mais en fait, il y a quelque chose qui ne va pas. » Donc je l'ai interrogé et je lui ai demandé : « Mais comment tu te sens ? » Parce qu'en fait, il rigolait si on se fâchait. Il rigolait. Donc je me disais : « C'est dingue, il rigole alors qu'on se fâche ! » Et donc, le fait qu’il rigole, je me suis dit : « Il y a quelque chose. » Et effectivement, je lui ai dit : « Mais comment tu te sens ? » Et là, il y a eu une faille. Et en fait, il ne se sentait pas bien du tout. Et le rire, c'était une façade pour se cacher. Donc maintenant, ça m'a aussi permis de poser des questions, d'interroger l'enfant pour être sûre de son intention ou de ce qu'il ressent. Ça permet, en fait, de déceler des choses qu'on n'avait pas forcément vues. Du coup, ça, c'est aussi une force, cette interrogation, cette confiance, en fait, peut-être. Le fait d'avoir toujours confiance en mes enfants, je me dis que quand il y a quelque chose qui ne va pas, c'est qu'il y a une insécurité qui n'est pas exprimée. Ou qu'ils expriment justement de ce comportement-là. Et mes défauts… Mes défauts, j'en ai. Je dirais que peut-être que je suis trop exigeante. Pas sur la scolarité, mais sur l'engagement dans des activités, sur les intérêts, sur la culture. Et puis aussi sur les compétences socio-émotionnelles, d'aller vers l'autre… C'est vrai que je demande beaucoup de respect, en fait. C'est vrai que j'aime pas, aussi… J'aime flâner, j'aime quand on s'ennuie. Mais par contre, j'aime pas la flemme ou le laisser-aller. Donc ça, c'est vrai que je peux avoir tendance à lutter contre ça. D'autres défauts… Je pense que je suis entière, assez passionnée, donc je peux dire les choses assez franchement. Parfois, peut-être qu'il faudrait un peu plus de filtre. Mais en même temps, c'est ce qui permet la libre expression de chacun. Ils sont libres de s'exprimer, et moi, je m'exprime aussi librement. Et si, il y en a un dernier : les garçons, ils disent que je suis un peu maniaque ! Ils trouvent que je suis un peu maniaque. Moi, je trouve pas. J’aime ce qui est harmonieux. Le rangement, à la maison. Moi, j'aime quand c'est harmonieux !
A.-L. T. : Alors, il va bientôt être l'heure de nous séparer et j'ai deux petites dernières questions : qu'évoque pour toi le « jambon-coquillettes ? Et quel est ton plat fétiche, quand tu n'as pas le temps de cuisiner ?
E. O. : Le plat jambon-coquillettes, je dirais que ça m'évoque le lâcher prise. C'est quand la bonne humeur est là. On laisse place plutôt à la convivialité et non pas à cette envie de vouloir trop bien faire, que beaucoup de femmes peuvent avoir. En tout cas, moi, que j'ai eue longtemps. On veut bien faire pour sa famille, et du coup, quand on fait jambon-coquillettes, c’est la place à la joie pour tout le monde, en se délestant un peu des contraintes.
A.-L. T. : Et quel est ton plat fétiche, quand tu n'as pas le temps de cuisiner ?
E. O. : J'ai pas de plat fétiche. Je t'ai dit, je ne suis pas… En mère parfaite de la logistique, ce n'est pas moi. Mais l'hiver, je dirais que quand je n'ai pas le temps de cuisiner, c'est une soupe. Tous les jours, il y a la soupe. J'en ai pour dix minutes, mais au moins, c'est frais. C'est des légumes. Bon, les garçons s'en lassent assez vite. Mais c'est vrai que j'ai la soupe traditionnelle. Et en été, ça va être la tomate au sel avec un peu d'origan et puis du melon, et ça fait l'affaire.
A.-L. T. : Emmanuelle, merci infiniment pour cette parole sincère et vivante. Et encore bravo pour ton dernier livre, Vous êtes un soft parent !. C'est un outil précieux pour réfléchir à la parentalité que l'on souhaite porter et pour s'aider à la mettre en pratique. Et un petit coucou à Victor et Félix avant de nous quitter.
E. O. : Merci beaucoup, Anne-Laure.
Jambon Coquillettes, un podcast du magazine Bubble, la vie de famille… en vrai.