Diplômée de l’Ecole française de sophrologie de Montpellier, Cindy Chapelle partage son temps entre ateliers, conférences et son site laslowlife.fr, invitant chacun à prendre le temps de vivre. À son actif, de nombreux livres, dont Mon année slow aux éditions Plume de Carotte, truffé de très bonnes idées.
Les enfants sont très doués pour profiter du moment présent, pourquoi ? Que peut-on apprendre d’eux ?
Les enfants construisent leur rapport au temps au fur et à mesure de leur développement. Jusqu’à 6 ans la notion de temps est assez floue. Cet apprentissage progressif explique en partie la capacité des enfants à s’inscrire dans l’instant présent, le passé et le futur n’étant que de vagues concepts. Cette capacité à focaliser son attention dans l’instant est aussi liée à une légèreté de l’esprit, loin de toutes contraintes, responsabilités ou obligations. Et puis surtout, les enfants sont des machines à s’enthousiasmer ! Et quand on s’enthousiasme, on concentre naturellement son attention sur une chose. Réfléchissez à la dernière fois où vous vous êtes enthousisamer pour quelque chose, je suis sûre qu’à ce moment là vous étiez pleinement là !
Une fois que nous sommes parents, le temps file à toute vitesse. Un beau jour on se réveille et nos enfants ont quitté le nid. Comment ralentir et mieux profiter d’eux ?
Il s’agit d’abord d’apprendre à ralentir en tant qu’individu. Cela implique detravailler sur son organisation quotidienne afin de jouir de plus de temps pour soi et pour sa famille mais aussi de travailler à son bien-être global. Pour vivre ses journées plus sereinement, on peut jouer sur l’alternance des rythmes : on pense par exemple à prendre du temps pour soi à la pause-déjeuner. Une occasion de se relaxer, d’avancer sur un projet personnel ou encore de faire quelque chose qui nous enthousiasme particulièrement. Ces moments de recentrage, d’écoute de soi, de qualité de présence peuvent prendre la forme d’une question à se poser plusieurs fois dans la journée : comment est-ce que je me sens à cet instant précis (qu’est-ce que je ressens en termes d’émotions, de sensations physiques) ? Trouver son rythme propre, plutôt que de suivre le mouvement, permet d’améliorer sa qualité de vie.
C’est par ce recentrage que l’on peut ensuite apprendre à ralentir en tant que parents et ainsi passer au slow parenting. Une philosophie de vie invitant à réduire l’emploi du temps parfois surchargé de ses enfants (en sélectionnant par exemple une seule activité périscolaire), à prendre le temps de jouer avec eux (sans consulter le fil d’actualité des réseaux sociaux en même temps par exemples !), à leur faire découvrir la nature, à simplement les observer en train de jouer, de lire, de créer…, à suivre un rituel quotidien pour se retrouver tous ensemble autour de la cuisine, d’un jeu, d’une promenade en fin de journée… En étant là, ici et maintenant, présent, entier dans ces moments de vie.
Les fêtes de fin d’année sont des moments où l’on se retrouve souvent tous ensemble, en famille élargie. Comment arriver à profiter au présent de ces moments rares ?
Penser bienveillance et partage. On met son ego de côté, parfois en prise avec certaines réflexions négatives, et on garde l’esprit ouvert. On ne cherche pas à tout contrôler en n’hésitant pas, par exemple, à se faire aider en cuisine. Ralentir ses faits et gestes est également un bon exercice pour mieux s’ancrer dans l’instant présent. Cela peut passer par remuer avec délicatesse un plat mijoté (plutôt que de le battre !), écouter vraiment l’autre sans penser à soi et sans prendre la parole, observer ses enfants… « Où que vous soyez, soyez-y totalement » nous dit Eckhart Tolle.
Comment contrôler nos pensées polluantes qui nous entraînent ailleurs ?
En adoptant un état d’esprit positif (notamment en positivant son discours intérieur), en effectuant un petit geste signal (serrer le poing par exemple) que l’on associe à un sentiment agréable tel que la confiance ou la sérénité ou encore se concentrer précisément sur ses sens (le toucher en serrant ses enfants contre soi, l’odorat en humant les odeurs de cuisine…). Entrer en action est également un bon moyen de mettre de côté ses idées parasites (proposer un jeu tous ensemble, une ballade emmitouflé, une recette gourmande à tester…).
Quels sont vos plus beaux souvenirs de réunion de famille ?
Des dimanches à la campagne lorsque j’étais enfant. On discutait et on riait autour de tables disposées dans l’herbe près d’un petit canal dans lequel on se baignait. Après un bon repas, on étendait des couvertures au sol pour une petite sieste familiale. J’aimais le naturel de ces moments où l’on est pleinement soi-même entouré de ses proches.
Recevez-vous votre famille chez vous ? Et si oui, comment faites-vous de ces moments des moments magiques ?
C’est un grand plaisir que de recevoir ma famille ! Pour faire de ces moments des moments singuliers, je mise beaucoup sur la cuisine. Préparer de bons petits plats invite à prendre encore plus de plaisir à se retrouver autour d’une table et à y rester plus longtemps ce qui offre l’occasion de discuter, d’échanger des anecdotes, de refaire le monde. Puis j’aime aussi apporter une touche d’originalité en proposant par exemple à la fin d’un repas un jeu de mime (qui déclenche facilement des fous rires) ou encore une balade sous les étoiles après un dîner. J’aime aussi lorsque la famille dort sur place, cela laisse plus de temps pour profiter ensemble.
Livre
« Mon année slow », Plume de Carotte.
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