Un dodo, deux dodos, trois dodos…
C’est Chloé la première qui a lancé les hostilités. Dès le réveil, entre tartines beurrées et chocolat au lait, elle a osé un : « Papa, maman, est-ce que c’est aujourd’hui les vacances ? ». Se doutant que cette question était la première d’une longue série, nous avons bredouillé une réponse tentant vaguement d’expliquer que l’on ne partait que dans sept « dodos ». « Sept dodos ! reprit Chloé, mais c’est très long ! » Encouragée par le sentiment d’avoir donné du sens à cette attente (car qui dit compréhension, dit finies les questions !), je poursuivais : « Aujourd’hui, nous sommes mercredi et nous ne partons que jeudi prochain, c’est-à-dire après sept grands dodos de la nuit… ». Vu la mine déconfite de Chloé (à qui la réponse ne convenait guère) il me semblait que je tenais l’arme qui viendrait à bout de toutes les autres questions de cet acabit.
Quant à Hugues, ses interrogations portent plutôt sur le passé largement « passé » et le futur lointain ! A 5 ans, il tentait des expériences temporelles en plaçant l’enfance de son arrière grand-père au temps des dinosaures ! Aujourd’hui, il s’interroge sur l’âge qu’aura son papy quand lui-même sera un papa, ou bien, il cherche dans un livre comment étaient les voitures quand son papy était un petit garçon. Il comprend que le temps s’écoule et agit sur les personnes et leur environnement.
Raconter les événements passés ou à venir…
Parfois, il nous arrive de raconter les événements de la journée d’hier ou bien ce qui se passera demain en prenant comme repère le « dodo de la nuit » qui marque le passage d’un jour à l’autre. Il s’agit d’évoquer des moments agréables ou non, dans un passé ou un avenir assez proche comme le mal au ventre de Chloé, hier, après le goûter ou bien la séance de cinéma demain après-midi. C’est un peu comme un jeu où chacun cherche dans ses souvenirs ce qui l’a le plus marqué, la veille et l’événement du lendemain qu’il attend le plus impatiemment.
Les soirs de la semaine qui a précédé notre départ, nous avons compté le nombre de « dodos » qui restaient avant le jour « J » et nous avons coché, chaque jour écoulé, les cases du calendrier pour rendre plus « concrète » cette projection dans le temps. Celle-ci étant encore trop éloignée de la réalité de Chloé, elle a participé d’un œil distrait ; mais ce petit jeu a bien amusé Hugues et semblé apaiser son impatience !